L’amour plus fort que tout !

J’arrive un peu après la bataille… J’ai lu tous vos articles et vos réactions suite aux événements d’hier… La Manif pour contre tous, leurs positions sur la PMA et la GPA pour les couples homo… toussa toussa ! J’avoue essayer de ne pas me scléroser avec toutes ces infos négatives et corrosives pour mon bien être… J’essaie de m’en tenir éloigner… Je sais que ça peut paraître un peu égoïste, un rien nombriliste, mais quand les infos me font plus de mal que de bien, autant que je m’en tienne éloigner.

J’aimerais crier haut et fort à ces gens qui sont descendus dans la rue hier qu’ils arrêtent de s’épuiser à manifester pour moi ! Leur combat n’est pas le mien… leur combat est un combat désuet pour une famille idéale qui n’existe pas.

Exemple (attention, c’est long) : je suis issue d’un couple tout à fait classique. Papa et Maman n’ont pas eu de problème spécifique pour m’avoir. Ils se sont établi, acheté un appart’, et une fois qu’ils ont eu tout ce qu’il fallait pour m’accueillir, ils ont décidé d’avoir un enfant… Et pim pam poum, me voilà !

Malgré tout ça, je ne suis pas issue d’une famille équilibrée. Maman est malade, d’une maladie qui ne guérit pas, et surtout très mal comprise. Elle souffre de troubles bipolaire… Rien que pour mettre un nom sur ce qu’elle avait, il a fallu presque 20 ans. Pour moi, la maladie de Maman a commencé quand j’avais 11 ans (j’ai découvert après qu’elle était malade bien avant ça). Ce jour funeste où j’ai dit adieu à mon enfance et bonjour à la réalité, j’ai du appelé les pompiers parce que Maman venait de faire une tentative de suicide… J’ai peu de souvenir de cette période et d’ailleurs peu de mon enfance, mais ce jour là, restera à jamais gravé dans ma mémoire. Ce sont les vacances, je dors, Maman me réveille, me dit qu’il y a Papa au téléphone, et retourne se coucher. Je prend le téléphone. Papa me dit d’appeler les pompiers car Maman a pris tous ses médicaments. Il me dit aussi qu’il arrive très vite. Je ne réalise pas vraiment ce qu’il se passe (en même temps, j’ai 11 ans) et j’appelle donc docilement les pompiers, les pompiers arrivent, envahissent ma maison, mon refuge… et emmènent Maman à l’hôpital. Et là, une fois que tout cela est passé, j’ouvre la porte de la cuisine, bizarrement rester fermer, et sur la table je trouve un tas de plaquettes de médicaments avec un petit mot de Maman : « Je n’en peux plus »… Et là, ma vie a basculé ! J’ai réalisé tout ce qu’il venait de se passer, que ma douce Maman avait tenté de mettre fin à ses jours… qu’elle avait voulu me quitter car notre vie ne lui convenait plus, qu’elle lui était devenu insupportable….

Voilà, ça, c’est le début de la deuxième période de ma vie, celle où on lutte pour que Maman reste en vie, celle où on la surveille comme le lait sur le feu, où on enferme les médicaments, celle où il faut parfois appeler les pompiers et le samu pour sauver Maman d’elle-même, celle où Maman dort dans une clinique psychiatrique, est suivi par un psychiatre… et j’en passe ! Celle où d’enfant, je suis passé à Adulte trop jeune… Avec le temps, et les traitements, son état s’est stabilisé, mais la souffrance est là, les souvenirs de ces moments difficiles sont ancrés à jamais dans ma boîte à souvenirs et ne partiront jamais…. et de temps en temps, il y a une rechute…

Elle est pas belle ma famille « naturelle »… Une famille avec un Papa et une Maman, celle que prônent les gens qui étaient dans la rue hier… C’est sûr, il y a toujours eu de l’amour chez nous (heureusement), mais c’est un amour qui fait mal… Parfois, je préférerais ne pas les aimer, mes géniteurs, ça ferait moins mal de les voir se détruire… (oui, je suis passé au pluriel, car une vie comme ça, ça use, même les meilleurs et Papa en a fait les frais aussi)…

Et puis, un jour, ma famille s’est agrandi… J’ai rencontré MA et sa famille… Ils m’ont offert un refuge, un lieu où je pouvait fuir la maison, quand la maladie prenait le pas sur l’amour. J’y ai trouvé un havre de paix, j’ai trouvé une famille, avec des défauts certes, mais sans maladie… J’ai trouvé l’amour inconditionnelle d’une mère qui aurait coupé son bras plutôt que d’enlever un moment heureux à ses enfants…

Au passage, j’ai découvert la foi. MA voulait être baptiser, elle venait d’arriver en ville avec sa famille, et ne connaissait personne. Elle m’a entraîné avec elle à l’aumônerie catho… Moi qui n’avait pas eu d’éducation religieuse, qui n’était pas baptisée, je me suis retrouvé dans un lieu où on parlait de Dieu, de Jésus, de l’amour infini, du pardon et de la joie de croire ! Ça a été pour moi une renaissance… Je me suis accroché à cette grande famille qu’étaient ces croyants que je découvrais… Les adultes, les jeunes… tous… j’ai essayé de leur donner autant qu’ils m’ont donné ! Je ne pense pas y être arrivé, mais en tout cas, le cœur y était. J’ai fini par me décider pour le baptême également, pour faire partie intégrante de cette grande famille, qui me soutenait dans les moments si difficile de ma vie familiale. On ne m’a jamais jugé, on a toujours été dans la compréhension, à 1000 lieux de ma famille de sang qui elle a eu vite fait de classer Maman dans les dégénérés…

Au passage, j’ai choisi pour Marraine, la maman de MA… Elle était la douceur, la patience, la compréhension. Elle m’a accueilli si souvent, si souvent elle m’a relevé, essuyé mes larmes. Elle a soutenu Maman et Papa… Bref, elles étaient là toutes les deux pour nous… et ma famille s’est enrichi de gens bien.

2 ans plus tard, il a fallu que la vie me fasse un nouveau coup de pute… oui, parfaitement, par que je m’y attendait pas à celle-là. Elle m’a pris une partie de ma nouvelle famille… Cette mère si tendre, cette amie si chère au cœur de Maman nous a été reprise. Elle est partie un jour de juillet, son souffle s’est éteint et avec ça, une partie de mon cœur m’a été arraché. D’abord, j’ai hurlé puis j’ai pleuré cette perte très longtemps. Mon univers si chèrement construit s’écroulait à nouveau. Ce pilier de ma vie nous a quitté pour laisser une plaie béante. Mais cette nouvelle famille, si importante, est resté là. On s’est reconstruit sans elle, en se soutenant… avec la douleur de son absence ! Et, ça fait 20 ans que ça dure !

La même année, sans prévenir, j’ai fait une nouvelle rencontre qui allait m’aider à surmonter cette douleur… Ma vie a à nouveau changé quand il est rentré dans ma vie… Korben, l’amour de ma vie est arrivé à point nommé. Nous étions bien jeune… 18 ans pour moi, 16 pour lui ! Malgré tout, sans prise de tête, notre histoire a démarré. Très vite, nous nous sommes aimé, puis, j’ai rencontré sa famille, ses parents, sa sœur… J’ai découvert une nouvelle famille, une belle famille, qui m’a accueilli avec mes brèches, mes douleurs… Une famille équilibrée, avec beaucoup d’amour !
Fin octobre, ça fera 15 ans que ça dure. Depuis, j’ai rencontré oncles et tantes, cousins et cousines… j’ai rencontré l’amour, la compréhension… des familles avec un Papa et une Maman aussi… Lorsqu’on est avec eux, je sens cette amour, cette joie de partager des moments ensemble ! Ils ne sont pas de mon sang, mais ils sont ma famille…

Ma famille est faite de tout ces gens… ces gens qui aiment, qui ont de l’amour pour leur prochain… et qui pour moi incarnent l’enseignement d’un mec mort il y a un peu plus de 2000 ans…
Oui, je suis croyante, pratiquante même (quand j’en ai envie)… J’ai le souci de mon prochain, je l’aime avec mes brèches et ses défaillances… Je ne suis pas la plus tolérante, je ne tends pas l’autre joue (faut pas déconner quand même). Mais j’essaie d’être le plus souple possible… et surtout je n’oublie pas le précepte qui m’a fait me tourner vers la foi chrétienne, une petite phrase que le Christ nous a laissé : « Aimer vous les uns les autres, comme je vous ai aimé »… Le mec qui a été crucifié par les siens, par son peuple, par des prêtres bien ancrés dans leur baskets et qui avait peur qu’on leur prennent le pouvoir qu’ils avaient acquis… Ce mec là, il nous a aimé jusqu’à donner sa vie… pour nous… Je crois en cette phrase au plus profond de mon être !

Et mon cœur de chrétienne pleure de voir les amalgames fait par les journaleux et les autres qui tapent sur la tête des croyants car ils pensent que nous pensons tous pareils…

Alors messieurs et mesdames de la manif pour contre tous, messieurs et mesdames les journaleux, messieurs et mesdames les bas de plafond, soyez gentils, laissez nous nous aimer… laissez les hommes et les femmes s’aimer… peut importe qu’ils aiment un homme ou une femme… Seul l’amour de son prochain compte… Laissez nous vivre notre vie, dans le respect de ce que nous sommes !

Il n’y a pas de famille idéale, pas de normes dans l’amour… On aime parce qu’on se retrouve, parce qu’on est touché l’un par l’autre… parce qu’au plus profond de nous, on sait qu’on ne serait pas ce que nous sommes sans l’amour de ces gens ! La famille, ce sont ceux que nous décidons d’accueillir avec notre amour !

Et si pour qu’un couple ai un enfant, il faut faire appel à la médecine, à une autre personne pour porter le fruit de notre amour, s’il faut, pour cela, aller chercher un enfant dans un orphelinat, s’il faut se battre pour ne pas baisser les bras, laissez nous mener notre combat sans venir nous faire une leçon de vie… Notre vie est déjà bien assez difficile comme ça sans que vous veniez vous en mêler ! Est-ce qu’on est venu voir comment vous aviez fait vous ? On vous a pas emmerdé quand vous avez fait vos enfants…

L’Amour est universel, l’Amour est plus fort que tout !!

et parce que je ne veux pas finir sans une petite chanson qui résume tout ce que je pense de la famille, voici Jean-Jacques Goldman et sa chanson « Tu es de ma famille » :

18 réflexions sur “L’amour plus fort que tout !

  1. D’abord merci pour ta confiance énorme sur le fait d’avoir fait confidence de ton vécue, de ta vie, de ta famille, de ta croyance. Balèze ! Chapeau d’avoir écrit tout cela en faisant sortir tes tripes et sans agression 🙂
    Et touchée par tes propos… cette chanson que j’ai écoutée en boucle et boucle par rapport à ma propre famille et ses tares pour certains, ses qualités pour d’autres. Quant à la croyance et aux amalgames, je te rejoins très très fort. Des bisous et yes auX diverseS familleS ! des bisous

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  2. Tu ne peux même pas savoir ce que ton article remue en moi.
    Merci de t’être livrée comme ça.
    Merci de parler des personnes qui ont connu ou qui connaissent des maladies psy.
    Je suis la première à sortir des blagues sur ces choses là : pour une seule et unique raison : je suis concernée.
    Et là aussi il faudrait militer…
    Alors je le dis sur ton blog (et j’espère que tu n’en seras pas fâchée) : moi aussi j’ai déjà rendu des visites dans des hôpitaux psy. Et OUI, ce sont des humains dedans.
    Et je suis sincèrement ravie que la religion t’ai apporté de belles choses.
    Et sincèrement navrée pour ce que tu as vécu.
    « je comprends »
    Bisous

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    • C’est sûr qu’il faudrait militer… mais, c’est comme la PMA, il faut le vivre pour vraiment le comprendre. J’ai arrêté d’essayer d’éduquer les gens sur le sujet des problèmes psy et de la maladie de Maman.
      J’ai mis du temps à comprendre ce qu’elle vivait, à comprendre sa douleur et pourtant, j’étais aux premières loges… enfin, je tente de la comprendre. Il m’a fallu du temps pour ne plus être en colère contre elle, du temps pour ne plus écouter les bien-pensants qui te disent « mais elle a tout pour être heureuse » ! J’ai appris à ne plus les écouter, à me protéger de ces gens qui pensent tout connaître… alors qu’ils ne savent rien de ce qu’on vit !!
      Je suis navrée d’apprendre que toi aussi tu vis avec cette douleur !! ❤

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    • Je vais aussi régulièrement ds les hôpitaux psy les filles (mais pas pour les mêmes raisons) et je vous admire, de tout mon cœur. Et ne laissez pas tomber l’éducation des gens aux problématiques psy. C’est de moins en moins tabou et on communique dessus désormais de plus en plus (étrange, on pourrait dire pareil de la PMA/GPA…).

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      • Les patients sont « rangés » (dans les ailes, pavillon, bref) en fonction de leur lieu d’habitation. Pas DU TOUT en fonction de la pathologie. Donc un dépressif peut passer ses journées avec une personne qui malheureusement n’a plus du TOUT sa tête. On peut pas dire que ça aide…

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      • Tout s’éclaire. Effectivement, ça n’aide pas.

        Chez nous, on a quand même une UMD (Unité des Malades Difficiles) pour les pathologies très très graves ou ceux qui devraient être en principe en prison (pour une raison ou une autre).

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      • Bon, ben, t’as compris alors pourquoi j’interviens 😉 C’est tout à fait ça. Et une hospitalisation complète (la nouvelle « HO ») prive celui qui en bénéficie de toute liberté. Donc on est là pour que les dérives n’arrivent pas, une sorte de garde fou. Je reste réaliste, on ne résout pas tout, mais parfois on arrive à faire remonter certains problèmes aux médecins. J’anime une formation sur le sujet vendredi avec un psy, et j’ai hâte d’avoir son avis sur plein de choses ! Désolée Leeloo de polluer ton blog, ce n’est pas le lieu, mais c’est un des nombreux sujets qui me tiennent à coeur.

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  3. Je suis vraiment touchée par ton article… Peut être parce que je suis croyante, que j’ai la foi, en Dieu et en l’humain même s’il me déçoit parfois. Peut être parce que j’ai une mère malade comme toi, et que je me sens coupable de ne pas réussir à excuser tous ces comportements, coupable d’en souffrir égoïstement, d’avoir mal chaque fois qu’elle ouvre la bouche, coupable d’essayer de me protéger de mes parents, coupable de vouloir faire le deuil de cette « famille » qui pour moi n’existe plus depuis longtemps.
    Merci de nous montrer que nous ne sommes vraiment pas seules dans toutes ces batailles…

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  4. Merci d’avoir enlevé tes habits et t’etre mise a nue pour nous faire partager cette tranche de vie, ta tranche de vie. C’était terriblement touchant et poignant… Et terriblement courageux. Pour ta maman, c’est très dur à comprendre à seulement 11 ans, que sa maman n’est pas comme les autres. Mais sa maladie aura également fais de toi la jolie personne que l’on discerne sous ces mots. De gros bisous.

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