Mon beau-père et moi…

Mon beau-père et moi, ça a toujours été compliqué. Même quand ma jolie maman était encore de ce monde, j’avais déjà du mal à m’entendre avec lui. Mais elle avait sa manière d’apaiser les choses, de lui faire comprendre qu’il y avait des choses à ne pas dire, à ne pas faire… Elle avait ce pouvoir magique sur lui de lui faire croire que ça venait de lui-même, mais en fait, non. Elle avait cette manière de l’orienter dans la bonne direction, d’apaiser ses angoisses…

Depuis qu’elle nous a quitté, il est en roue libre, plus personne pour calmer le jeu et c’est de plus en plus difficile. Il souffre de l’absence de sa femme, de sa (je cite) « gentille petite femme »… Dieu que ça peut m’exaspérer 😤😤😤 de le voir la réduire à une « gentille petite femme », elle qui était le roc de cette famille, était une force de la nature…

Il a malgré tout trouvé une amie avec qui il semble très heureux, mais bien trop gentille avec lui, à mon goût et surtout elle n’a pas ce pouvoir qu’avait ma jolie maman sur lui… En soit, il peut être sympa, mais d’une maladresse absolue et très très égoïste. Il ne sait pas exprimer ses sentiments et sa douleur, il ne sait pas me parler, il est plein de peur et d’incohérence qui m’exaspère over 9000… 🙄🙄🙄

Mais pourquoi je vous raconte tout cela, êtes vous peut-être en train de vous dire ? 🤔🤔🤔…

Parce que je n’arrive pas à passer au-delà de certaines choses… à oublier les comportements, paroles et actes qui ont eu lieu alors que mon fils venait d’être enterré, que nous étions fragiles, que j’étais fragile et que je le suis encore… et j’ai besoin de l’écrire… peut-être que cela m’aidera. Je vais essayer de raconter et d’extérioriser cette colère.

Après mon accouchement sans pleur de bébé et sans joie, après l’embolisation de mon placenta, j’ai pu sortir de l’hôpital pour enterrer mon fils. Les quelques jours après ma sortie ont été intense. Nous avons retrouvé notre TiteN, il a fallu lui expliquer ce qu’il s’était passé, qu’elle avait un petit frère parti pour les étoiles. Nous avons préparé les funérailles de notre LittleA, finalisé la commande du Père Noël de TiteN, et pour marquer le coup, et malgré tout, acheté quelques spécialités lyonnaises lors d’une échappée d’une après-midi à Lyon, à ceux à qui je n’avais pas eu le temps de préparer un cadeau gourmand (Ben oui… c’était prévu la semaine où tout à basculé).

Le 19 décembre, nous avons pu donner une belle cérémonie à notre fils, il a été incinéré le lendemain et nous l’avons emmené dans le tombeau familial dans le sud aux côtés de ma jolie maman… la mamie des étoiles de TiteN.

Jusque-là, nos proches avaient été corrects. Nos amis ont été au top, mes parents malgré la détresse de ma maman face à la mort de LittleA avaient assuré la garde de TiteN durant les 10 jours où tout a basculé. Mon beau-père s’était à peu près contenu… canalisé par ma jolie soeur, qui elle, s’est révélée douce, attentive, présente, forte (de là à dire qu’elle est bien la fille de sa maman, il n’y a qu’un pas).

Le soir après avoir déposé les cendres de notre LittleA dans le tombeau, à 250km de la maison et donc de l’hôpital, je suis prise de douleurs intenses au ventre, et vraisemblablement j’ai de la fièvre… j’ai mal, vraiment vraiment très très mal. Nous dormons sur place, je passe une nuit horrible, et nous remontons chez nous le lendemain matin après avoir rendu visite au grand-père de mon chéri.

Ce retour a été difficile. Les médocs que j’avais calmaient la douleur mais pas bien longtemps… nous arrivons à la maison, je ne peux même pas aider mon chéri a ranger les valises, je m’écroule sur le canapé, fiévreuse. J’appelle mon médecin, elle me dit que si j’ai de la fièvre, je dois retourner aux urgences. Le temps d’appeler ma jolie sœur pour qu’elle vienne s’occuper de TiteN qui est couchée… nous partons aux urgences de l’hôpital où mon fils est mort, ils ont mon dossier, ils connaissent mon histoire. Je suis hospitalisée pour endométrite, une infection post partum à cause du placenta resté en place.

Ils me font la total : antibiothérapie à haute dose, mise en culture de prélèvement de sang, salive et autres sécrétions corporelles… pour trouver la bactérie qui m’infecte.

Je suis donc hospitalisée le 21 décembre, 4 jours avant Noël, il leur faudra 4 jours pour être sur de ce que j’ai, me remonter et pour que je rentre chez-moi, enfin, le jour de Noël.

C’est à partir de ce moment-là que mon beau-père a commencé à péter son string…

Durant ces 4 jours d’hospitalisation, mon chéri a pu avoir l’aide de ma jolie sœur pour gérer TiteN… ils se sont relayés avec mon beau-père pour accompagner mon chéri et TiteN me voir à l’hôpital. Un jour c’était mon beau-père, un autre ma jolie soeur. Autant les moments avec ma jolie furent des instants magiques… imaginez vous qu’elle a fait mine qu’un cheval était rentré dans ma chambre lors d’un jeu avec TiteN… (nous avons eu quelques sacrés fous rires fort douloureux pour moi mais salvateur pour mon coeur), autant les visites avec mon beau-père furent beaucoup plus difficiles.

Les visites avec lui furent courtes… et surtout il ne fallait surtout pas que TiteN s’agite… et évidemment si TiteN commençait à bouger de trop, il fallait partir. Le 24, c’est son tour d’accompagner mon chéri et ma fille, j’arrive enfin à me lever, nous faisons même un petit tour jusqu’à la cafétéria de l’hôpital. Les antibios font effet, mon corps réussit enfin à combattre l’infection.

Mais TiteN commence à ne plus tenir en place. Il décide que ça suffit et de partir. TiteN s’accroche à moi, elle pleure, ne veut pas laisser sa maman qui va mieux, elle ne comprend pas que je doive rester encore un peu à l’hôpital. Elle hurle, la séparation me déchire le cœur.

Une quarantaine de minute plus tard, mon chéri m’appelle. Il est furieux. Son père a dit des mots terribles. TiteN a hurlé, pleuré et s’est débattue jusqu’à la voiture… a refusé de mettre son manteau alors qu’il fesait à peine 6°. Mon beau-père lui a dit qu’il ne savait pas tenir et faire obéir notre fille… qu’on l’élevait comme un enfant roi. Au lieu de l’aider, il l’a laissé galérer avec la petite qui hurlait, le sac à dos de jouets, le manteau etc… il a préféré ouvrir sa grande gueule sur notre manière de gérer notre fille plutôt que d’apporter son aide à son fils et à sa petite-fille.

Mon mari a serré les dents, il l’a laissé le reconduire chez nous et lui a laissé TiteN pour qu’il puisse ranger un peu à la maison, redescendre en pression. Et surtout pour m’appeler. Je sens mon mari dans une profonde colère… nous sommes le jour du reveillon de Noël et je l’entends fulminer contre son père. Je tente de l’apaiser avant qu’il aille réveillonner chez son père… j’y parviens presque et la soirée se passe apparemment sans trop d’encombre vu ce qu’il s’était passé quelques heures avant. Contrairement à mon beau-père, mon chéri sait se tenir et se mord la langue toute la soirée pour que ça se passe bien pour notre fille.

Je vous passe les détails de « mon réveillon » à l’hôpital, ce fût triste, sans âme, sans Noël quoi…

Le lendemain matin, j’assiste à l’ouverture des cadeaux du père Noël en visio, ma fille est aux anges, le vieux barbu l’a bien gâté… De mon côté, mon cadeau viendra du médecin qui m’annonce que je peux sortir. A midi, j’ai le feu vert, je me prépare, mon mari part de la maison pour venir me récupérer. Pendant ce temps, ma belle sœur, mon beau-père et mes parents gèrent la maison, la table de Noël, le repas et TiteN.

Je suis heureuse de rentrer… de serrer ma fille dans mes bras, c’est Noël, nous sommes réunis. Bien qu’epuisée, j’arrive à profiter de ma fille et du tourbillon de cette journée… Nous offrons les quelques (bons) chocolat que nous avions pu acheter la semaine précédente… pour marquer le coup. J’explique que nous nous rattraperons plus tard, que je n’ai pas pu faire ce que j’avais prévu, je voulais préparer des gourmandises à offrir. Personne n’a l’air de nous en vouloir, vu les circonstances. Seul mon père a un « vrai » cadeau, acheté bien avant tout cela. Je ne remarque bien sûr pas qu’il y a un malaise du côté de mon beau-père.

Le lendemain, coup de fil de mon beau-père. Je décroche… il demande comment ça va… et là, la phrase qui va faire déborder un vase déjà bien plein… mon beau-père me demande pourquoi JE lui ai offert que 4 petits chocolats. Il me dit même que JE lui ai offert un moins beau cadeau que sa femme de ménage…

But… what the fuck ?

Les bras m’en tombent… donc j’ai au téléphone un homme de 67 ans, père de mon mari, grand-père de mes enfants… qui a assisté une semaine avant à l’enterrement de mon fils… son petit-fils… qui l’a même vu au funérarium, qui a vu notre douleur… qui me demande pourquoi il a eu un petit cadeau à Noël ?

But what ?

Et me voilà, abasourdie, même sonnée par ce que je viens d’entendre, à devoir lui expliquer que j’ai été hospitalisé 10 jours, que j’avais prévu des choses mais qu’avec mon hospitalisation, je n’ai rien pu faire…

Je raccroche sous le choc… en colère, bouleversée par les paroles qu’il a prononcé, par ce manque de compassion et de retenue qu’il aurait dû avoir vu tout ce qu’il venait de se passer, par cette indélicatesse ultime. Il y a comme une cassure qui se produit. Le lien qui existait avec lui se rompt.

Je raconte ça à mon mari qui voit rouge. Il le rappelle, lui passe un savon, mon beau-père le prend mal. ça chauffe vraiment au téléphone…

De rage, et pour qu’il « ait un cadeau », il lui commande et fait livrer un livre « travailler son empathie »… un truc du style… Évidemment à la réception de celui ci, mon beau-père le prend très mal. Il enverra un sms long comme le bras à mon mari, le 2 janvier, en s’excusant… enfin sur les 3 premières lignes du sms. Ensuite, il lui a fait tout un laïus sur sa situation, sa santé précaire (il a eu un cancer lymphatique l’année dernière)… mais putain si tous les mecs qui avaient un cancer se remettaient comme lui, y’aurait moins de monde dans les services d’oncologie, croyez moi… Il lui dit aussi qu’il pleure tous les jours sa femme morte il y a 5 ans… Mais What The Fuck ?

Mon mari ne lui répond pas tout de suite… il se dit qu’il va falloir qu’il ait une discussion avec lui. Celle ci aura lieu quelques jours plus tard. Il est allé chez lui, ils ont discuté 2 bonnes heures. Mon mari lui a dit tout ce qu’il avait sur le cœur… Ils se sont pardonnés. C’était courant janvier…

De mon côté, j’attends toujours des excuses… le temps a filé, j’ai repris le travail courant février, nous avons été très entouré par nos amis, nous avons vu des gens qui nous faisaient du bien. Fin février, nous avons fêté les 40 ans du chéri de ma jolie sœur, avec famille et amis… il était là, j’ai tout fait pour ne pas être en contact avec lui ce week-end là.

Puis le confinement est arrivé, sans qu’il ne se soit excusé auprès de moi, sans que nous ayons pu avoir une discussion. Mon chéri me dit qu’il faut que je fasse le premier pas pour avoir cette discussion, mais je n’ai pas envie… plus le temps passe, plus cette colère grandit en moi, plus l’animosité grandit… plus me retrouver en sa présence m’insupporte, m’angoisse… comment me comporter avec cet homme qui a oublié en une semaine que son petit-fils était mort, qui n’a pas eu la décence de se dire que nous avions eu peut-être d’autres chats à fouetter que de lui acheter un cadeau de Noël… qui n’a pas respecté mon chagrin, qui a mis en avant son chagrin, mettant le nôtre au second plan…

Mon cœur est en charpie, je pleure presque chaque jour mon petit ange perdu… et lui vient me faire chier avec son cadeau qui n’était pas suffisant. Et en plus, il est vraiment sérieux…

Durant la fameuse discussion, il a même reproché à mon mari le fait que nous ayons choisi de mettre une plaque sur la tombe de notre fils en notre nom et celui de notre fille. Il avait imaginé qu’on choisirait une plaque commune avec lui et ma jolie sœur… mais depuis quand lorsqu’on perd un enfant, il faut justifier les choix fait pour la sépulture de celui ci ?

Qui a déjà vu une plaque mortuaire sur une tombe avec écrit « A notre fils, à mon frère, à mon petit-fils, à mon neveu »… sérieusement, vous l’avez déjà vu ça ? Hein… dites moi si vous l’avez déjà vu ça ? Moi… jamais je ne l’ai vu… en général les grands-parents font leurs plaques de leurs côtés… ou alors ils ne font rien. Et à quel moment, dans son esprit, il s’est dit que ça serait chouette de faire plaque commune ?

Je suis tellement en colère… en colère contre cet homme, qui entache ma peine, qui m’a appuyé un peu plus la tête sous l’eau alors que j’étais déjà presque noyée… Je suis putain d’en colère… J’ai envie de lui hurler au visage ma douleur, ma colère, l’incompréhension que j’ai ressenti ce jour là… j’ai envie de lui dire d’aller se faire foutre avec sa peine, envie de lui dire que sa femme, si elle n’avait pas été incinérée, elle se retournerai dans sa tombe en entendant les propos qu’il a eu à notre égard… d’ailleurs, si ma jolie maman avait encore été là, il n’aurait jamais eu ce comportement, elle l’aurait ramené sur terre.

Mon dieu que je suis en colère, il cristallise toute ma colère… comment pourrais je encore rester en sa présence en restant calme… en faisant semblant ? Je ne sais pas faire, je ne veux plus le faire. Ce week-end, nous devons fêter la fête des pères avec lui, je le vois déjà fanfaronner, remercier pour ses cadeaux de « gentil » papa… vais-je réussir à me contenir ? Et surtout le faut il vraiment ?

8 réflexions sur “Mon beau-père et moi…

  1. Ta colère est bien légitime et je vois pas en quoi c’est à toi de faire le premier pas. Tu as beaucoup à supporter déjà sur tes épaules, pour en plus porter égard à ses états d’âmes d’enfant. Car oui chouiner pour un cadeau dans un moment pareil. D’ailleurs noël c’est pour les enfants, pas les parents. C’est pas facile pour ton homme d’être le tampon mais tu l’as pas à faire d’effort alors que tu es déjà en peine. Courage ❤️

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  2. J’imagine ta détresse face à la situation… d’autant plus compliqué quand c’est son beau-père. Chez nous on pratique le « c’est ton parent tu le gère », donc dans ce cas j’enverrai mon mari dire à son père qu’il ne s’est jamais excusé envers toi. Même si dans ton cas, ton homme a déjà eu une discussion avec son père, donc est-il seulement réceptif aux remarques :/

    Après depuis la mort de notre fils, j’ai appris à beaucoup plus m’écouter. Quand mes proches ont des remarques déplacées ou autres RALC face au deuil (ou PMA), je leur répond sans détour ; et et quand je ne me sens pas d’assister à un événement je n’y vais pas. (J’ai boycotté les repas de fêtes des mères cette année par exemple). Dans ma tête je me dis : Si les gens ne veulent pas comprendre ce que tu traverse, tant pis, mais tu n’as pas à te forcer pour eux ! C’est déjà assez difficile à vivre comme cela !

    Donc pour la fête des pères écoute toi. Si tu n’as pas envie de la faire, et bien ne l’a fait pas. Ou alors si tu n’as pas envie de te contenir, clairement ne le fait pas ! Tu es totalement dans ton droit d’avoir très mal pris toutes ces remarques et le fait que de plus il ne t’ai pas présenté d’excuses.

    Je t’envoie plein de courage, j’espère que la situation pourra s’apaiser un peu ❤

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  3. mon dieu qu’il doit être pénible de traversé tous cela. je ne sais pas comment j’aurais réagis. mail il est claire que je lui aurais dis quelque chose au peau-père. je pense qu’il serait bien qu’il entende certaine chose un jour comme celui de dimanche, il comprendra ou pas dans quelle position il t’a mise à noël.
    plein de courage et force mental.

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    • Je m’en serais bien passé… je pense que je vais pas trop me mordre la langue pour ne rien dire Dimanche… mais c’est délicat… Bref, on va faire au mieux.
      Merci de tes mots en tout cas ! Des bises

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    • Depuis nous avons eu une longue conversation à cœur ouvert et cela s’est arrangé en grande partie.

      Mais oui, il est un peu compliqué à gérer… 😩

      Et encore… j’ai pas écrit sur ma mère, elle, il faudrait un roman…

      (Et merci pour le compliment…)

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